30 juin

Chère mademoiselle H

Comment reprendre depuis le début...La langue, le sens, la pensée, le sentiment, le corps, la vue, etc...

Et pourquoi? N'avez-vous pas eu jusqu'alors une existence, qui bon an mal an, aurait répondu à vos attentes? Oui, non, oui et non, non plutôt que oui, oui plutôt que non?

Pas si simple n'est-ce pas de répondre à cette question? 

Quelle question exactement? 

C'est vrai ça !? Quelle est la question au juste? 

Celle de l'existence? De la vie? 

Il y a une différence? Ah bon? Vraiment? 

Grrrrrrrrrrrrrrr, expliquez-moi! 

Je suis perdue....

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Je parlais cet après-midi à une jeune femme qui me disait avoir eu envie d'être soumise comme "ça", elle sse sentait joyeuse quand elle s'imaginait être avilie, attachée par une chaîne à la table, obligée de se nourrir dans une gamelle. 

Elle n'avait pas envie de savoir quoi que ce soit par rapport à son désir, elle voulait juste le vivre. 

Ce n'était même pas fantasmé, elle ne posait pas de questions, ne se branlait pas. Elle y voyait sa vie, en était joyeuse, se moquait presque du maître qui la prendrait à son service. 

Juste importait qu'il soit aussi limpide qu'elle quant à son intention. 

Elle m'est apparue comme un oiseau étrange de nuit, vivant une solitude profonde et sûrement bien déçue de ceux qui devaient s'adresser à elle sans en entendre la profondeur. 

Je lui souhaite de rencontrer un homme qui sera autant de "nuit" qu'elle. 

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Elle était à ce degré zéro de l'écriture dont parle Barthes. 

Comment vous dire que ma rencontre avec vous me renvoie à ce pourquoi j'ai déserté famille et université quand j'avais 20 ans, sans savoir à ce moment qu'il me faudrait plus de trente ans d'errance pour enfin "oser" mon nom...

Vous ne le savez pas encore mais ce qui vous "trouve" aujourd'hui veut aussi son "tabula rasa". N'imaginez pas que de demander d'autres mots, d'autres oreilles, d'autres yeux, pour se sentir enfin être sera facile. 

Possible mais pas facile...

Vous vous doutez bien que nous allons lentement rentrer au coeur de l'institution, que plus rien ne sera comme avant...Là où nous serions très très forts serait que seule la joie prédomine à nos décisions.

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Il y a souvent quelque chose que vous oubliez dans vos pensées envers moi, qui est le lien entre mon écriture et mon corps. Votre rôle de salope est de fournir nourriture à ce livre sans quoi je ne banderai pas ma soumise...

Pas clair, je le reconnais. 

Je crois que cela passe par la pensée d'être chienne dans votre vie d'aujourd'hui, par l'acceptation de porter ce regard quelle que soit la situation, que ce soit quand vous baisez avec votre mari, quand vous faites votre gym, quand vous allez voir votre amie, quand vous voyez vos filles,

que vous soyez toujours capable d'entendre comme un décalage entre celle d'avant et celle d'aujourd'hui. 

Permettre à votre maître de pénétrer chaque interstice de votre vie. 

Donner corps à sa présence, à son choix de vous, à sa traversée. 

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D'ailleurs pendant mon séjour, vous n'aurez droit à aucune série ou jeu de lettres. Chacun de vos temps vacants sera occupé à lire ce qui a instruit le verbe de votre maître. 

à plus tard

S.